Dans la vie, Jean-Philippe Vanwalleghem n’est pas de ceux qui restent sur le quai. Lorsqu’il a appris, en 2017, que la gare de Pontivy (Morbihan) était à vendre, il a foncé. Même si le montant des travaux s’annonçait colossal. « Ma femme était réticente au départ, mais le soir, elle m’a finalement dit : Chiche
, alors je l’ai achetée ! »
Un coup de cœur suivi d’un coup de tête qui va le plonger dans quatre années intenses. Des travaux titanesques, les Journées du patrimoine, une communauté qui se crée, l’émotion du retour d’un train touristique, et enfin, la médiatisation et la notoriété… L’ancien chef d’entreprise devenu chef de gare ne s’attendait pas à un tel tsunami.
« Un véritable sacerdoce »
Alors que les travaux se terminent doucement, il réalise seulement dans quel engrenage il s’est embarqué. « Je ne maîtrisais plus rien. Ça a été un travail à temps plein, un véritable sacerdoce. Encore aujourd’hui, il n’y a pas un jour où je ne fais pas quelque chose pour la gare.
Il faut dire que les sollicitations sont tombées de tous les côtés. J’ai accueilli plusieurs équipes de télé. Un cheminot retraité de Touraine m’a donné une cloche de 200 kg que je dois installer sur le quai. J’ai aussi reçu quantité d’affiches, des lanternes, des signaux, et même des meubles de la SNCF de la gare de Pithiviers, qui va être transformée en mémorial. Tout ce qu’on m’a donné, je vais le ramener à Pontivy.
Pas de terminus
Jean-Philippe Vanwalleghem vient de fêter ses soixante ans avec un sentiment d’accomplissement. Et pas parce que des inconnus le reconnaissent dans la rue ! Lui qui n’avait pas pu empêcher la gare d’Halluin d’être rasée, en 1986, en a désormais sauvé une autre.
Il y a tout ce qu’il faut maintenant. Des services publics dans l’aile gauche, avec des toilettes pour les voyageurs, et les guichets de Pontivy communauté qui devraient ouvrir en février 2022. Au centre, un commerce, avec la Boutique train. Dans l’aile droite, la partie convivialité, avec la cantine, le train touristique. Et à l’étage, quatre appartements, pour le côté social. Maintenant, tout ce petit monde cohabite à merveille !
Alors, terminus ? Certainement pas ! Je mets un point d’honneur à rester le chef de gare.
Le facétieux propriétaire projette déjà de poser des réverbères, des éclairages sur le quai…
Qu’importe les cheveux blancs qu’il se sera parfois fait ici… Jean-Philippe couve toujours, d’un peu plus loin, sa bâtisse datant de 1864, restée fermée cinq ans et désormais pleine de vie. Avec cette gare restaurée, je suis arrivé au bout de mes rêves !