Retour du fret ferroviaire à Brest : un premier convoi de graines de colza est arrivé au port
Voilà neuf ans que les rails du port de Brest (Finistère) n’avaient plus été empruntés par un train de marchandises. Mais le retour du fret ferroviaire est en bonne voie, sous l’égide de la Région. Mardi 18 octobre 2022, un convoi a livré 1 300 tonnes de graines de colza à l’entreprise Bunge.
Le retour du fret ferroviaire à Brest est bel et bien sur les rails. Mardi 18 octobre, en fin de journée, un convoi de 400 mètres de long a fait son entrée dans le port, sous les yeux ravis de quelques spectateurs. Ces rails n’avaient plus vu la couleur d’un train de marchandises depuis près de dix ans ! Le train en provenance du centre de la France s’est arrêté au niveau de la gare de triage, en face de l’entreprise Bunge. C’est à cette dernière qu’est destinée la cargaison : 1 300 tonnes de graines de colza (deux tiers des quantités livrées ici chaque jour), qui seront transformées en huile et en tourteaux dans l’usine de trituration.
Un train plutôt que 30 camions
Sachant qu’un camion transporte 30 tonnes de graines, ce train équivaut à plus de 43 livraisons par voie routière. Au prix actuel du carburant, ça fait la différence : « La donnée économique n’est pas anodine, bien sûr, affirme Yvon Pennors, directeur de Bunge France. Le coût de la tonne au kilomètre est plus intéressant en train qu’en camion ». Mais il insiste sur le fait que la renaissance du fret ferroviaire s’inscrit dans un projet plus large, une « volonté partagée » entre acteurs institutionnels et entreprises.
Décarboner l’agriculture bretonne
La Société portuaire Brest Bretagne (SPBB) a investi deux millions d’euros sur deux ans pour réhabiliter ces voies ferrées et électrifier les rails. « C’est enthousiasmant que le port de Brest soit enfin reconnecté au fer », pointe Loïg Chesnais-Girard. Le président de la région Bretagne parle d’une « décision stratégique », le rail pouvant désormais relier la Cité du Ponant à Marseille, au centre de l’Hexagone, au reste de l’Europe… « c’est aussi une manière de décarboner notre agriculture bretonne. Plutôt que d’importer des céréales d’Amérique du Sud pour nourrir le bétail, on peut soutenir la production française ».
Redorer l’image du rail
Le train ne remplacera pas totalement les livraisons par voies maritimes et routières, évidemment. « On joue sur la complémentarité, c’est tout l’intérêt du report modal que de créer des synergies », précise Christophe Chabert, directeur de la SPBB.
Pour le groupe Bunge, c’est une expérimentation. Le train arrivé mardi est le premier d’une série de dix, à raison de deux cargaisons par semaine. Si l’expérience est concluante, elle sera reconduite. Le but étant, à terme, que plusieurs entreprises du port de Brest s’emparent du rail pour massifier le fret ferroviaire et ainsi le rendre à nouveau attractif.